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BATIR A MONTRÉAL POUR LES FAMILLES

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Par Yves Alavo                              

Une interview de Weber Laurent  (GROUPE LAUVAC ARCHITECTURE)

Depuis plus de vingt ans cet architecte connu des Montréalaises et des Montréalais qui rêvent de voir s’achever l’exode vers les banlieues observent avec intérêt son œuvre acharnée de bâtisseur, de créateur, d’artiste urbain qui façonne la ville actuelle et celle de demain.  Weber Laurent, vous lirez une synthèse de son parcours, plus bas, invente et met sur le marché des logements pour les familles, rares espaces où il dessine, conçoit et avec ingénieurs et partenaires de la construction, des habitations de trois chambres.

Nous voulons, non seulement avec lui, parler d’écologie, d’économie d’énergie et de construction durable, mais encore aborder, malgré son humilité excessive, lui faire avouer aussi qu’il a mérité les distinctions obtenues, les honneurs de ses pairs et des organismes du milieu de l’architecture et de l’urbanisme.

Voici plusieurs décennies que de tous les cercles du pouvoir s’impose une impuissance devenue légendaire.  Comment mettre sérieusement un terme à l’exode continu des familles avec enfants en proposant, non seulement un milieu de vie adéquat (quartiers verts, circulation apaisée, tarification et horaires de transport en commun et circuits qui répondent aux besoins des familles) mais mettre en route un véritable plan d’action famille doté de moyens qui permettent de mettre en priorité le logement social et abordable.  Dans cette perspective, Weber Laurent a été commissaire pour l’Office de consultation publique de Montréal OCPM acteur de la consultation publique et signataire du rapport dont est né le Plan d’action famille de Montréal déposé en 2008.

Après avoir suivi au cours des dernières années son action professionnelle, ses engagements sociaux et au service de la grande communauté montréalaise, nous avons suivi Weber Laurent sur les chantiers et mesuré l’immense contribution au développement d’alternatives réalistes et viables pour améliorer le bien-être des familles établies sur l’île de Montréal et surtout les fidéliser à Montréal.

Du concret

La problématique est documentée et les paramètres sont connus, il est impératif de concevoir et de construire des logements qui s’intègrent au sein d’un ensemble qui comprend la gestion de l’espace commun, la sécurité publique, la qualité de vie dans un environnement urbain valorisant.  Pour ce faire, l’architecte avec sa firme, Groupe Lauvac architecture, associé avec sa conjointe Dominique Fouché, elle aussi architecte, a déjà de nombreuses réalisations (voir encadré) dont les plus remarquables sont mises en relief par la prestigieuse revue spécialisée L’architecture québécoise : les verrières Sainte-Catherine, inscrit pour la certification LEED, la bibliothèque des livres rares et collections spéciales de l’Université de Montréal dont Weber Laurent est l’architecte responsable du projet, les terrasses  Wellington-Charlevoix, modèle de construction à haute efficacité énergétique et de développement durable.

Actuel et impressionnant, le projet qu’il développe et qui sera livré bientôt, projet de six unités sur la rue Lausanne, dont le volet social, répond au Plan d’action, aux objectifs de la politique proposée par le Plan d’action famille de Montréal qui vise à fixer les jeunes familles sur le territoire d’une ville qui vit un étalement urbain assez prononcé depuis des décennies.  Face à cette situation, que faire pour faciliter ou aider les familles  à demeurer sur le territoire de l’île de Montréal?

Weber Laurent répond : Nous avons décidé de mettre en marche ce projet  pilote dans Montréal-Nord.  J’ai grandi dans Ahuntsic, à côté de Montréal-Nord que je connais bien.  Comme on le sait, il est chaque fois question dans les médias, toujours de manière assez négative, quand on parle de Montréal-Nord.  Il est alors  question des Haïtiens, des «minorités visibles», mais seulement pour évoquer des mauvais coups.  De manière concrète, j’ai voulu avec mon associée, mon épouse, Dominique Fouché, architecte elle aussi, voir comment contribuer à améliorer les conditions de vie et à donner une dimension sociale et de développement humain à travers une réponse à un besoin primordial, le logement.

Weber Laurent est compétent, il a l’assurance que lui confère une expérience personnelle de famille, comme père et une volonté de fer : Nous voulons réaliser des logements de très bonne qualité, permettre, aux habitants de la ville, pas seulement ceux et celles qui résident dans l’arrondissement, de vivre dans un environnement sain, avec les services de proximité, les parcs et espaces verts, les désertes en transport en commun et l’accès au métro assez rapidement.  Nous faisons des condos, mais des condos abordables.  Bénéficier de trois chambres à coucher à prix qui soit accessible, pas de coût prohibitif.  Il est certain, en plus, que les familles qui vont choisir d’habiter là, pourront bénéficier des subventions de la Ville de Montréal, subventions  créées pour soutenir les familles, il s’agit du programme accès condo.

Économie d’énergie et développement durable

Pour Weber Laurent, les choix sont responsables et cohérents : En faisant ce choix de construire sur l’île de Montréal, des condos avec trois chambres à coucher, nous innovons.  Nous le faisons, dans une perspective de développement durable, avec les normes Novoclimat (voir annexes)

Nous nous concentrons sur l’économie énergétique, un aspect qui est important en ville.  C’est un des aspects qui contribue à donner des points afin d’atteindre la certification en économie énergétique.  Le Québec a un programme remarquable, Novoclimat; plusieurs éléments entrent en ligne de compte : les matériaux de construction, les méthodes et techniques d’isolation, la toiture ou couverture aussi est prise en considération.  De manière plus spécifique, il y a : Isolation, Portes et fenêtres, Qualité de l’air et ventilation, Chauffage de l’eau et des espaces, Étanchéité à l’eau, à l’humidité et aux infiltrations d’air froid, Contrôle de la qualité.  VRC

Telles sont les exigences que nous nous sommes fixées et qui nous permettent de maintenir de front nos engagements pour un développement humain, social et une meilleure qualité de vie ainsi que les objectifs architecturaux d’efficacité sans concession à l’esthétique et à l’art.  Il s’agit d’un concept global qui intègre les aspects énergétiques et les aspects humains, le développement durable est la résultante de ces composantes.

Citoyen, artiste et homme d’affaires avisé depuis des années, Weber Laurent a un sens profond de l’entrepreneurship.  En effet, il est parti d’un emploi de fonctionnaire municipal et a effectué le saut dans le privé avec le soutien d’un mentor qui était le gestionnaire de sa division au service de l’habitation de la Ville de Montréal.

Il a relevé des défis techniques souvent et à une expérience solide dans la conception en situation de contraintes extrêmes.  Les exemples sont légion pour lui : Je suis parti, il y a quelques années de deux terrains résiduels sur lesquels j’ai bâti.  Faire des condos sur de petits espaces afin de permettre aux jeunes d’avoir accès à la propriété et de pouvoir se loger.  Vivre sur un espace qui nous appartient.  De nombreux jeunes couples, des jeunes ménages qui investissent une proportion assez importante pour le logement et qui sont des locataires, avec ces constructions sur des espaces restreints, ils ont la chance de devenir propriétaires.

Les cas de terrains et les solutions de Weber Laurent sont devenus des exemples qui sont étudiés dans les écoles d’architecture : Pour la superficie de ces terrains, entre 1500 et 2500 pieds carrés.  Il fut un temps où les gens quand ils achetaient, c’était 50 par 100, 5000 pieds carrés. Il y avait la maison et la moitié du terrain qui servait d’espace d’agrément.  Souvent cet espace était goudronné pour servir de stationnement, donc encore la croissance en ville d’îlots de chaleur.  Je me suis dit, dès les années 90’ qu’au rythme où vont les choses, il y aura une densification.  Il m’est arrivé de construire sur 1450 pieds carrés, le condo au coin de la rue Marquette et du boulevard Rosemont.  Nous avons aussi construit sur des espaces restreints sur la 2e avenue, avec tout de même 30 pieds de façade.

Je travaille aussi pour des entrepreneurs, sur le Plateau, nous avons de nombreux projets certains de 16 unités.  Tous les projets auxquels je participe comme ceux que je mène pour notre bureau Groupe Lauvac architecture, sont Novoclimat.  Il y a des caractéristiques intéressantes, la couverture, le toit est en élastomère, ce n’est pas de la tuile et du gravier comme les constructions de toitures conventionnelles tuile et gravier qui sont extrêmement  chaudes à cause du bitume qui est utilisé.  Les toits blancs sont différents, il y a moins d’accumulation de la chaleur, les rayons tapent et réfléchissent.  Nous faisons aussi des efforts pour accroître la gestion des eaux pluviales, nous récupérons l’eau de la neige ou de la pluie.  Nous devons faire la promotion de tels projets écologiques et à dimension sociale forte.   J’ai des amis architectes américains dans les grandes villes qui trouvent des terrains et réussissent à construire selon les meilleures normes écologiques et respectueuses des exigences du réchauffement climatique et des économies d’énergies sur tous les aspects.

Dans le contexte social et politique que nous connaissons et qui enveloppe le monde la construction, l’architecte est conscient qu’il y a urgence et une  nécessité impérative d’avoir une vision, du leadership et de planifier afin que nous puissions avancer en matière d’application des normes de développement durable et d’amélioration de la qualité de vie quel que soit les milieux de vie.  Il faut être fort pour faire avancer les conditions de l’urbanisme chez nous.

Pour un monde meilleur

Weber Laurent est aussi engagé, discret mais efficace dans ses contributions sociales, nationales et internationales.  D’origine haïtienne, il n’oublie pas le pays natal : En ce qui concerne la coopération avec Port-au-Prince, il doit y avoir moyen de faire ne serait-ce qu’à une petite échelle, en sorte que l’on améliore le niveau de qualité de vie des pauvres des zones urbaines comme Port-au Prince en Haïti.  Je suis en chemin et je collabore afin de faire des choses concrètes, nous travaillons avec des religieuses afin de concevoir et de construire des logements pour des familles à un coût abordable.  Les besoins sont autour de maisons d’environ 25 à 30 000 dollars avec les services de base.  Il  faut des ressources, il ne s’agit pas d’aller, comme certains le font, d’aller chercher un emploi.  Je travaille avec les Sœurs de la Charité, du concret et des religieuses qui connaissent le milieu et servent la population.  Les religieuses de Mère Teresa.  Le coût des unités est de 20 000$ pour chaque maison avec 2 chambres à coucher.  Il y a aussi deux écoles qui sont financées par une ONG ou bien par le gouvernement ontarien.  Je suis l’architecte des projets.

En y allant, chez les Sœurs de la Charité, c’est la première fois que j’ai habité dans un bidonville, elles y vivent.  Elles font un travail extraordinaire.  Dès que l’on passe la barrière, je n’ai jamais vu la misère exsangue, quartier sans fil, l’ampleur de la pauvreté, la vie avec les débris du séisme.  Quand on rentre chez les Sœurs, c’est un oasis de paix.  Les Sœurs travaillent à donner de la dignité aux gens.  Il y a toutes les maladies, j’ai vu une quinzaine de personnes mourir.  Chaque fois une messe pour prier pour les morts.  J’ai été ému.  Nous commencions nos journées par la messe chaque matin.  C’est exigent, la foi c’est cela, ma mère avait la foi, je l’ai vu toute sa vie.

Nous parlons de Jack Layton, l’homme du peuple, il s’est battu, il fait la politique autrement, il n’a pas vu et pu participer au développement de cette nouvelle opposition à la Chambre des communes, il a travaillé pour le bien commun.  Ma mère est un modèle pour moi.  Elle est morte jeune à 63 ans.  Au moment de prendre sa retraite, avec ses projets de construction d’églises j’ai donc construis des églises comme à RDP, et j’en ai restauré de nombreuses pour soutenir les projets de maman.

Il y a certains points à aborder, le centre sud, j’ai des projets sociaux dans d’autres quartiers comme Verdun, voir la documentation. La revitalisation urbaine intégrée est au prix de concertation entre tous les intervenants.  Il y a de nombreux jeunes qui sont prêts à prendre une autre direction si on leur fait confiance, si on prend le temps de les accompagner.

Gageons que l’avenir sera encore plus prospère pour cet architecte qui est vraiment considéré comme un pionnier, même s’il n’aime pas que le public le sache